« Nous devions trier les patients »
Lorsque le Covid nous est tombé dessus comme une chape de plomb, Susann Pechuzal, médecin, cheffe du service à la médecine polyvalente à l’hôpital de Romans, a vécu ce qu’elle n’avait jamais vécu auparavant.
« Les médecins aguerris restaient le plus longtemps à l’hôpital afin de guider ceux qui sont venus nous aider. Je me suis mise à faire des nuits alors que je n’en faisais plus depuis plusieurs années. » En tant que médecin, Susann prenait le recul nécessaire.
«Dans ces cas-là, on travaille. En revanche, ce qui m’a choquée c’était la vitesse de dégradation d’un patient que je voyais arriver le matin sur un brancard. Il avait besoin d’un peu d’oxygène, quatre heures plus tard, il était sous dix litres d’oxygène, six heures plus tard, il était en réanimation et le soir, il était mort. Je n’avais jamais vu ça »
Autre fait marquant, l’état des patients sortis de la réanimation. « Ils arrivaient comme des cadavres vivants, très amaigris. Il fallait leur donner de l’espoir. Sachant qu’en réanimation, on ne prenait que les personnes dont on pensait qu’elles allaient s’en sortir. Nous étions obligés de faire un tri ».
Susann, comme l’ensemble du personnel, n’a pas vécu de confinement. Elle n’a pas pris au sérieux, le soutien des habitants à coups de casseroles tous les soirs au balcon. « Il y avait une période où les infirmières se faisaient harceler parce qu’elles utilisaient les poignées des portes communes, le même ascenseur. Moi, quand au bout de trois semaines j’ai souhaité récupérer mes enfants, mon ex-mari a refusé de me les donner parce que j’étais en contact avec le Covid. C’était surréaliste ».
Cinq ans plus tard, rien n’a vraiment changé. « Cela a resserré les liens entre les équipes. Mais le nombre de patients par soignant est toujours élevé. Je trouve que les gens n’ont rien appris concernant le vaccin. Ils ne se vaccinent pas et utilisent très mal le masque, c’est dommage».
Saléra Benarbia
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