« La reconnaissance, je savais que ça n’allait pas durer »

Du confinement, Philippe Henon se rappelle « le gel et les masques qu’on devait porter dans les camions », mais que lui et ses collègues du Syndicat de traitement des déchets Ardèche Drôme (Sytrad) avaient le droit d’enlever une fois à l’air libre.

Ripeur depuis 20 ans, il faisait partie des personnels mobilisés quand la grande majorité de la population devait rester chez elle. « Tout était calme, on était seul dans la rue. Les écoles étaient fermées, il n’y avait pas de vélo, le trafic était fluide, c’était mieux qu’un jour férié ! » lance-t-il en plaisantant.

Si pour lui « les conditions de travail étaient meilleures, on était plus libres de nos mouvements », la période n’a pas été de tout repos. « On a eu plus de boulot parce que les déchetteries étaient fermées. Il y avait beaucoup de sacs au sol et de végétaux. Comme les gens étaient coincés chez eux, ils faisaient du nettoyage, du jardinage… » Une situation qu’il n’a jamais enviée. « Je préfère être au boulot que de rester enfermé chez moi. »

En première ligne alors que la pandémie frappait, Philippe Henon ne s’est « jamais senti un héros du quotidien ». Pourtant, plusieurs de ses collègues ont contracté le virus pendant cette période. « L’un d’eux est même mort du Covid », confie le ripeur. Comme le personnel soignant, il a eu le droit lui aussi aux remerciements de la population.

« Pendant le confinement, on était des vedettes. On n’a jamais eu autant de dessins d’enfants, les gens nous applaudissaient sur leur balcon »

Mais cette reconnaissance, « je savais que ça n’allait pas durer », assure-t-il. « Ça n’a rien changé, aujourd’hui c’est comme avant le Covid. On est vite redevenu des moins que rien. »

A.H.

Pour découvrir d'autres témoignages d'habitants de la Drôme et de l'Ardèche ►►►► cliquez!