« On n’a pas fait ça pour être applaudis »
En un clin d’œil, Lydie Cliquet et Thomas Berrond se revoient en 2020, chez eux, dans la Librairie des Bauges à Albertville, au moment du premier confinement.
« Nous n’étions pas considérés comme des essentiels. Mais comme les clients avaient peur de manquer de livres, on les livrait en touk touk. »
Dans le même temps, ils ont appris que des producteurs locaux, privés de marchés, se retrouvaient avec des fromages, des légumes sur les bras. « Avec plusieurs Albertvillois, souvent issus de l’espace de coworking le P’tit bureau, on a réagi. On a vidé nos locaux à l’arrière de la librairie pour accueillir la marchandise. On a écrit un protocole sanitaire validé par la préfecture. Et avec une trentaine de bénévoles, on a organisé des livraisons à vélo, à pied, en camions… » Eux deux ne se souviennent pas d’avoir cuisiné des gâteaux ou organisé des visio apéro pour occuper leurs journées !
Lors du deuxième confinement, les librairies ont été reconnues comme essentielles. La Librairie des Bauges a pu répondre aux commandes de ses clients en leur donnant leurs livres devant la porte, puis dans le magasin, avec des jauges, des parcours balisés…
« On n’a pas fait tout ça pour être applaudis. On espérait que cette période nous inciterait tous à revenir à des choses essentielles, aux produits locaux. On se disait que rien ne serait plus comme avant »
Mais ça n’a pas duré. La crise sanitaire a été suivie d’une forte inflation et de l’ouverture d’une enseigne nationale de loisirs culturels à Albertville. Depuis, la Librairie des Bauges a vu passer son panier moyen de 26 à 17 euros. « Beaucoup ont oublié que consommer, ça a du sens et des conséquences. On n’en veut à personne mais on espère une volonté politique ou collective qui fasse bouger les choses. »
Laurence Veuillen
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