Journaliste... dans un monde désert
Et soudain, l’actualité s’est tue.
Jean-François Casanova, journaliste à Chambéry pour Le Dauphiné Libéré, se souvient très bien des impressions ressenties lors du premier confinement. Des rues vides. Des autoroutes sans voitures. Un quotidien devenu irréel.
« Avec notre carte de presse, nous avions le droit de circuler sans restriction. C’était un vrai privilège par rapport aux gens obligés d’être terrés chez eux » avoue-t-il humblement.
« Mon premier reportage de confinement a été de suivre la fermeture des stations de ski. Les touristes étaient arrivés le samedi. Et le dimanche, ils devaient tous plier bagage ! Les professionnels du ski se sont agités tout le week-end pour rentrer le matériel et le lundi, plus rien. Je me souviens que le soleil brillait et que la neige était excellente. Un vrai gâchis ! »
Et puis il y a eu ces routiers internationaux croisés sur les aires d’autoroute, qui continuaient leurs livraisons comme si de rien n’était :
« J’ai eu l’impression d’un monde à deux vitesses. Ceux qui bossaient normalement comme eux ou moi, et le reste du pays à l’arrêt complet. On se serait cru dans un film d’apocalypse. Sauf que j’étais acteur malgré moi... »
De cette période, le journaliste a tiré quelques enseignements.
« C’était compliqué de rencontrer des gens pour faire des sujets. Tous les agendas institutionnels ou associatifs étaient annulés. Il a donc fallu renouer avec notre cœur de métier : aller chercher l’info à notre initiative sans attendre les convocations. Et puis on a découvert le télétravail. Ces deux habitudes nouvelles perdurent aujourd’hui ».
Une chose qu’il ne voudrait plus voir ? «La multiplication des pages décès dans le journal. C’était effrayant cette matérialisation concrète d’un phénomène fantasmagorique... ça m’a choqué ».
Muriel Bernard
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