« Une période frustrante et paradoxale »

Jérémy Fournier est chauffeur routier en Suisse pour une entreprise lausannoise. Durant le confinement, alors que la planète tournait au ralenti, il a continué à sillonner les routes suisses pour livrer des denrées alimentaires, des gels hydroalcooliques, des médicaments et des masques dans les établissements de soins et chez des particuliers vulnérables de la région d’Yverdon-les-Bains. Certains de ses collègues assuraient même la livraison des vaccins contre le Covid.

Si sa femme et ses enfants sont restés confinés à la maison, lui enfilait son bleu de chauffe chaque matin, du lundi au vendredi : « On avait un peu moins de travail, donc les journées étaient plus courtes. D’autant qu’il y avait beaucoup moins de monde sur les routes. Je partais du dépôt à 6 heures et je finissais ma tournée vers 14 heures ».

Le trentenaire est fier d’avoir « servi à la cause » durant cette pandémie. « On se sentait vraiment utile. Ce sentiment était décuplé pendant le Covid, surtout en livrant des hôpitaux ou des patients malades. »

Mais une fois rentré chez lui, il devait se plier aux mêmes restrictions que tout le monde :

« C’était une période frustrante et paradoxale. Toute la semaine, j’avais le droit de circuler librement pour travailler, mais le week-end, je devais me contenter d’une heure de sortie dans un périmètre limité »

Comme ses collègues, Jérémy Fournier a été gratifié par son entreprise pour son engagement. Certains protocoles sanitaires mis en place à l’époque sont restés, d’autres ont disparu.

Cinq ans après, la vie a repris son cours et les routes sont de nouveau saturées par les travailleurs frontaliers. Pourtant, lui et ses collègues n’oublient pas cette période où, du jour au lendemain, ils sont devenus les travailleurs essentiels d’un monde en crise.

Mattéo Noël

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