« Les gens chassaient l’ennui »
Au moment d’évoquer le premier confinement, Nathalie Quelet ressent tout le contraire de la nostalgie.
À la tête de la Maison de la presse de Sallanches depuis 35 ans, elle ne pensait jamais vivre une telle situation. « Personne ne l’imaginait d’ailleurs ».
Son commerce est considéré comme essentiel dès le départ. Pour la vente de cigarettes et afin de continuer à diffuser l’information grâce aux journaux qu’elle et son mari vendent.
« En termes d’organisation, on n’a pas eu de problèmes. Les livraisons ont toujours été faites, rien n’a manqué. Le comportement des clients a légèrement changé. Ils achetaient en plus grande quantité, trois cartouches au lieu d’une par exemple. Ils avaient peur de manquer. On a aussi remarqué un engouement pour les magazines de jeux, les gens chassaient l’ennui », détaille Nathalie.
Chaque matin, la commerçante est frappée par le vide. Elle est seule dans la rue, pas un bruit, pas une voiture. L’angoisse d’attraper le Covid se fait pressante : « On a, malgré tout, eu de la chance puisque ma fille travaille dans une pharmacie. On a eu des plexiglas et des gants avant tout le monde. ça nous rassurait un peu. »
Et dans ce marasme, une lueur d’espoir. Si sa clientèle était fidèle bien avant l’arrivée du virus, plusieurs élans de générosité l’ont touchée :
« Je voyais des personnes qui venaient pour faire les courses des anciens. On a eu une dame qui m’a dépanné en farine alors que c’était en pénurie. On était content de se voir le matin, ça nous permettait de ne pas totalement se déconnecter des autres »
De cet aspect positif, Nathalie Quelet n’en constate plus l’héritage. La buraliste regrette un « repli sur soi des gens » et l’égoïsme ambiant dans notre société.
Nathan Bayol Garcia
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