« La solidarité et l’empathie n’ont jamais été aussi grandes »

« Beaucoup de sens »... voilà ce que le Covid et le confinement ont posé sur sa pratique. Amélie Chambrin, actuellement infirmière libérale à Villaz, officiait alors en Seine-et-Marne.

Quand le confinement a débuté, elle venait de s’installer en libéral depuis seulement trois mois. Elle n’avait pas encore constitué de patientèle. Le téléphone est devenu soudainement muet. Et pendant ce temps, ses anciens collègues de l’hôpital de Forcilles, où elle officiait avant de se mettre à son compte, croulaient sous la tâche. Elle les a donc rejoints en tant que vacataire, dans son ancien service : la réanimation. Et là, quel choc...

« Des patients, et pas seulement des personnes âgées, décédaient les uns à la suite des autres, même sans antécédents médicaux. Les médecins étaient à cran, ne savaient plus ce qu’il fallait faire, et nous manquions tous de matériel »

Une paire de gants par patient, deux masques par jour et le manque de respirateurs faisaient de son quotidien en combat. « Une guerre aussi floue qu’anxiogène » dit-elle.

Chaque soir, quand elle rentrait de l’hôpital, elle se déshabillait devant le seuil de sa maison, gardait ses habits enfermés trois jours dans un sac-poubelle avant de les laver et n’embrassait sa famille qu’une fois douchée avec soin. Quant aux applaudissements et bruits de casseroles qu’elle entendait depuis les fenêtres de la maison de retraite où elle avait aussi repris du service, ils lui semblaient étrangers. « J’avais juste le sentiment de faire mon travail », commente-t-elle.

Aujourd’hui, elle regrette de ne pas avoir reçu la prime que tous ses collègues hospitaliers ont perçue dans le cadre de l’épidémie. Pas prévue pour les vacataires. Mais s’il fallait revivre ce qu’elle a vécu, elle signerait tout de suite. Pourquoi ? « Parce la solidarité et l’empathie n’ont jamais été aussi grandes » répond t-elle.

Colette Lanier

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