« On s’est beaucoup soutenu »

L’infirmière Laure Chastaing travaille depuis dix ans en service de réanimation polyvalente à Chambéry. Après un début de carrière en Seine-et-Marne, elle a intégré le Centre hospitalier métropole Savoie en 2018. Elle se souvient très bien de la brutale arrivée du virus.

« On nous avait dit qu’on aurait sans doute un gros flux de patients qui arriveraient et on s’était mis en conditionnement d’urgence. On avait ouvert des chambres en plus, on avait transformé des réserves à la base en chambres de réanimation et on a attendu une semaine. On se demandait ce qui allait se passer. On nous avait annoncé ça un lundi. Le mardi d’après, tous les patients sont arrivés. Le Samu les acheminait, à la queue leu leu. Tout ce qu’on nous avait prédit est arrivé. On s’est mis dedans. Et on est resté dedans longtemps. Ce n’est qu’après qu’on a réalisé, ce qui s’était passé, ce qu’on a fait. J’ai eu un contrecoup, que je pense on a tous eu quand on vit des choses fortes dont on n’a pas l’habitude », rembobine-t-elle.

Les soins prodigués par ces professionnels étaient des soins de réanimation « dont on avait l’habitude ». Mais l’échelle était tout autre, « sur beaucoup de patients, très graves, qu’on a gardés très longtemps et c’est ça qui a mis en tension l’hôpital. »

Laure Chastaing garde en mémoire le climat anxiogène, le contexte pesant :

« La réanimation, on n’en parle pas, c’est très caché, c’est dans un coin de l’hôpital isolé, avec les portes fermées. On a été médiatisé, on a été mis au-devant de la scène, avec les images aux informations. Au travail, on parlait Covid, à la maison on me parlait Covid, j’allumais la télé, on parlait Covid »

De cette crise, la Savoyarde retient également le positif : le travail d’équipe, la solidarité en interne. Elle insiste : « On s’est beaucoup porté, on s’est beaucoup soutenu. On s’est rapproché d’autres services, des cadres de proximité, des médecins, pour travailler ensemble et ça a fait de belles choses. On a fait ce qu’on pouvait. On a beaucoup appris et si un jour il se passe autre chose, on est prêt. »

David Magnat

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