« Tout le monde a répondu présent, mais la peur était là »

« Je n’ai pas l’impression d’avoir vécu un confinement : mon quotidien était juste beaucoup plus intense. »

Claude Sumian est déjà sur le front à l’annonce du confinement. Le médecin du centre hospitalier des Escartons, à Briançon, chef du service des soins continus, a basculé vers un service réanimation. L’anesthésiste-réanimateur et ses équipes, déjà préparés à l’arrivée du Covid. Non sans peur du coronavirus.

« Tout le monde a répondu présent, mais l’appréhension était là. » Comme la crainte du choix : « Celui de choisir entre deux patients. Celui de sauver l’un ou l’autre, en fait. Heureusement, ce n’est pas arrivé chez nous. »
Puis vient « la claque ».

Ébullition permanente dans son service. Avec un souci : « J’acceptais de perdre un patient, mais pas un soignant. J’ai été intransigeant sur leur habillement. »
Il y a eu des décès, bien sûr, mais le médecin a davantage été marqué « par un sentiment d’impuissance pour des patients, intubés sur le ventre, dont la santé ne s’améliorait pas : certains sont restés trois mois ».

Cinq ans plus tard, sentiment ambivalent : « C’était mélangé à une forme d’excitation pour les soignants, créée par la réactivité, l’adaptation, la recherche. » Une intensité de trois semaines avant un quasi-retour au quotidien hospitalier. Moment dont le médecin retient aussi un peu de fierté. « Avec des confrères, on a rédigé le protocole de reprise d’activités chirurgicales pour la région Paca. Il a été repris au niveau national. »

Et la fierté d’avoir été un de ces héros du quotidien ? Claude Sumian élude dans un sourire : « On n’était pas dupe. On savait que les soignants-héros seraient vite oubliés. »
Lui n’oublie pas un monde hospitalier qui s’est pris en main et qui s’est adapté pour gérer la crise.

Justin Mourez

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