« Tous ces décès, on ne les oublie pas »

Sophie Eynaud les aura aidées jusqu’au bout. « Les deux premiers mois ont été très compliqués. Les personnes âgées ne comprenaient pas ce qui se passait. Nous avons dû accompagner beaucoup de décès, parfois de personnes qu’on suivait depuis des années. Même si c’est le métier, on n’est pas prêt et on ne s’habitue jamais » confie l’aide-soignante de Gap.

Nécessité faisant loi, elle a fait bien plus que ce qu’implique d’ordinaire sa profession : « En Ehpad, les pompes funèbres ne rentraient pas dans les chambres. Nous avons dû mettre les corps dans les cercueils et les refermer. Les familles n’étaient plus autorisées à venir, elles ne pouvaient pas voir leurs parents une dernière fois. Parfois, nous avions quatre ou cinq décès par jour. Ce sont des gens qui partaient seuls ».

L’aide-soignante se souvient aussi du manque criant de matériel au début de la pandémie. « Nous faisions des trous dans des sacs-poubelle pour faire passer la tête et les bras. En guise de masques, on utilisait des lingettes dépoussiérantes, puis des masques en tissu faits par des couturières, après un appel aux dons sur les réseaux sociaux ».

Pour elle, le temps où les soignants ont été érigés en héros de la société est révolu :

« Nous avons été applaudis et hyper reconnu, puis ça a été terminé. Les héros sont retournés dans l’ombre. Nous avons eu la reconnaissance des familles, et c’est le plus important, mais celles des directions et du gouvernement, c’est fini »

Mais l’année 2020, elle, reste gravée. « Tous les décès qu’on a eus, on n’oublie pas. Alors la vie reprend son cours, mais on reste très marqué par cette période. Ce sont des personnes à qui on s’est attachées. On sait que leur mort va arriver, c’est le sens de la vie, mais ça reste toujours une épreuve ».

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