« Nous étions parfois le seul passage dans la journée »
Quand la France se barricade, Manon Kerduff, auxiliaire de vie à l’ADMR, doit aller au travail. « C’était dur. Nous n’avions pas les tests et nous n’étions pas très nombreuses sur le terrain ».
Pour minimiser la circulation du virus, les plannings s’allègent. Chaque semaine, son chef l’appelle pour prendre le pouls de son moral. « Nous nous sommes recentrés sur les personnes grabataires et celles qui n’avaient pas de famille proche. Elles nous ont remercié d’être présentes, car nous étions parfois le seul passage dans la journée. Je faisais essentiellement des levers, des repas, des couchers et des changes ».
Ce qui frappe Manon Kerduff, c’est l’arrivée d’une tenue intimidante:
« Du jour au lendemain, des bénéficiaires dont on s’occupait au quotidien, nous ont vu arriver avec des sur-chaussures, des gants, des charlottes, des lunettes et des masques. Nous avons essayé de nous protéger et de les protéger au maximum. Mais c’est difficile de mettre quelqu’un à l’aise pour prendre une douche et cela ajoute quelque chose d’angoissant de voir quelqu’un arriver comme cela chez soi »
Depuis, des réflexes sont restés. « Vu l’ampleur de l’épidémie, les masques et les tabliers sont maintenant toujours à disposition. On les utilise face à la grippe et dès qu’on a le nez pris ».
En revanche, l’auxiliaire de vie n’a pas l’impression que sa fonction dans la société a été bien repérée. « Le fait que nous ayons un rôle essentiel n’est pas ancré. Notre entourage nous reconnaît à notre juste valeur et les personnes chez qui on intervient savent que nous sommes vraiment une aide précieuse. Mais dans le domicile, nous n’avons eu aucune prime »...
Malgré ce manque de reconnaissance, Manon Kerduff ne changerait pour rien au monde : « C’est un métier qui se fait avec le cœur, il ne faut pas le faire si on n’a pas cette envie d’aider et d’être en lien avec les autres ».
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