« J’ai vu le grand virage professionnel pour retrouver du sens»

Un petit goût de scénario catastrophe flottant dans l’air. C’est le souvenir du boulanger de Lopain de Terre, à Gap. « C’était curieux d’être dans la rue et d’entendre un tel silence. On avait la sensation d’être seul au monde » retrace Laurent Pelhate.

« Les premiers temps, la notion d’invisibilité du danger a pu créer de l’angoisse, en particulier chez les plus jeunes de mes salariés, car à la vente, nous étions exposés. Il y a eu une phase d’inquiétude, renforcée par le fait que la situation était à l’échelle de la planète ».

Devant la boulangerie, la distance imposée a créé des scènes uniques:

« La queue allait à plus de dix mètres. Cela donnait une impression de rationnement - une époque connue par mes parents - où il fallait faire une longue file d’attente pour chercher son morceau de pain »

L’intérieur du commerce devenait parfois lieu de débat. « La clientèle était patiente et appliquait les règles au mieux. Mais certains refusaient de porter le masque, et nous nous sommes retrouvés dépositaires de revendications ».

Plutôt que héros, l’ancien pompier s’est plutôt senti « privilégié par rapport à ceux qui n’ont pas pu maintenir leur activité ». D’autant plus que pour lui, faire du pain est une vocation.

Si les clients ont recommencé à s’agglutiner à l’intérieur, un changement profond a émergé. « Dans les Hautes-Alpes, on s’imagine parfois loin de ce qu’il se passe dans le pays, mais j’ai vraiment vu le grand virage professionnel pour retrouver du sens. Être boulanger n’est pourtant pas réputé pour être un métier facile, mais depuis le confinement, je vois des infirmières ou des profs qui ont quitté des emplois stables pour faire du pain ». Cette semaine, la nouvelle recrue de Laurent Pelhate est ingénieur forestier.

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